Garlic Frog Diet « Democrisis »

iTunes  Spotify  Deezer  Napster  Google Play  Bandcamp

Le premier album de Garlic Forg Diet n’est pas passé inaperçu, c’est le moins qu’on puise dire lorsqu’on parcourt le pressbook de l’époque. C’est bien simple, tout ce que les kiosques comptaient de magazines musicaux s’est penché sur Democrisis. Et des magazines de rock, il y en avait au début des nineties. Rock & Folk, Rock Sound, Rage, Best, Guitares & Basse, Guitares & Claviers, Hard Force, Hard Rock, Metal Attitude, etc… tous y sont allés de leur petite bafouille sur l’album des Lyonnais. Et on ne parle pas des fanzines qui ont accueillis Garlic Frog Diet comme il se doit quand il faut soutenir les forces vives de la scène nationale.

Il faut dire que Semetary, jeune label créé par la FNAC, déjà éditeur du premier album de Burning Heads, avait fait de la promo son nerf de la guerre (la distribution, c’était plutôt fastoche pour eux). Cependant, les journalistes de l’époque n’ont nullement été soudoyés. Si tous découvraient sans doute un nouveau groupe et un style neuf (pour la France), la majorité salue la prestation enregistrée du trio avec autant d’étonnement que de plaisir. Mieux, certains commencent à sentir que la scène française est pourvoyeuse de talents. Mazette.

Voici donc une sélection de chroniques (intégrale ou extrait) parues durant l’année 93.

Jean-Luc Manet, Best, 1993 : « Il y avait eu ce single, Smells Like Nirv… Pardon, Smells Like Yeti. Une bombe. L’émergence crédible d’un Hüsker Dü français. Et maintenant l’album, Democrisis, pour balayer à jamais l’idée d’un hasard heureux. Rappelons quand même qu’entre son départ de Parkinson Square et l’envol de Garlic Frog Diet, Hugo Maimone (batterie & chant) pratiqua le hardcore à la base, mettant en précision de sa frappe aux services de quelques combos californiens bon teint. De l’Amérique il a su garder le réalisme et le goût des entrées en mêlée sans tergiversation, le sens des mélodies abruptes arc-boutées sous des hallebardes de cordes (termes interchangeable d’ailleurs dans le vocabulaire de la pluviométrie dense). Pop-core nous dirons, pur américanisme s’il en est, ou comment la plus opaque des intensités peut rester légère. Utilisant au maximum tous les atouts libérateurs du trio, Hugo, Fabrice Della-Malva (basse & chant), et Thierry Holweck (guitare) fédèrent une sorte de lyrisme punk à la Generation X (“Fly To Hell”) aux applications plus spécifiquement yankees de l’agitation. Grincements, dérapages, clairières acidulées, riffs plombés, les éléments s’emboitent pour faire de Democrisis le véritable mètre étalon d’un noisy-rcok européen décomplexé et majeur. Un disque étincelant, paru justement pour les illuminations (le 8 décembre) de leur fief lyonnais. Un signe. Insigne. » (note 8/10).

Garlic Frog Diet Step, Rage n°3, novembre 1993  : « Mais qu’est-ce qui se passe, la France aurait-elle décidé de battre les Américains et Australiens sur leur propre terrain ? Depuis Les Thugs et Burning Heads, Garlic Frog Diet est le troisième groupe national à surpasser le hardcore et la popcore des dernières productions américaines : Democrisis est un album en béton. Les compositions sont originales, marquées de leur sceau par une touche personnelle que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Le premières références qui viennent à l’esprit sont Nirvana, Fugazi, Pixies, Hüsker Dü et tous les maîtres du genre. Mais au lieu de jouer les petits frères, Hugo et ses compères ont pondu un album outsider, qui se démarque par une volonté d’écrire des chansons fortes (“Nothing Less”, “Fly To Hell”, “Democrisis”), riches de mélodies, de breaks judicieux qui ne donnent jamais une impression de linéarité entre les compos. On notera une production très soignée qui rappelle les travaux de Steve Albini ou Jack Endino par le traitement des guitares qui sonnent brutales mais claires, à l’image du groupe. Un disque coup de poing. Force mélodique et agressivité positive, une mine de singles ! »

Cyril Deluermoz, Rock & Folk : « (…) Conscient de l’efficacité et de la puissance que peut dégager un trio, les Lyonnais se partagent le chant, évitant qu’un fâcheux quatrième larron à l’égo surdimensionné ne vienne troubler ce bel ordonnancement. On appréciera l’énergie solide et les harmonies luxuriantes de certains titres de ce premier album, on restera divisé par le manque de personnalité de deux ou trois morceaux et on regrettera l’absence d’une véritable production, conséquente d’un budget studio étriqué. Malgré ces quelques imperfections, Democrisis séduit par son caractère brut et sans concession. Vu la qualité de leurs prestations scéniques, on se demande si, avec un producteur inspiré, les Garlic Frog Diet ne s’apprêteraient pas à frapper un grand coup en 94. » — Cyril Deluermoz, Rock & Folk.

Patrick Foulhoux, Rock Sound : « (…) Si Hüsker Dü, Samiam, Melvins ou Victim’s Family semblent faire l’unanimité au sein du trio, le tout est ici malaxé avec bonheur, preuve s’il en est que leurs expériences antérieures n’ont pas été ensevelies. Il est de plus en plus courant de voir les groupes français composer aussi bien avec leurs influences et servir une musique personnelle. La scène hexagonale s’enrichit et cela commence à se savoir à l’étranger, les Garlic n’étant pas le plus mauvais exemple. »

 

GFDcomptoirLouis Bourgade, Metal Attitude : « (…) En n’utilisant que les riffs les plus simples, presque les plus banals, Garlic parvient par sa seule connaissance du rythme primaire ou plus élaboré à créer de vraies chansons électriques, débordantes de fraîcheur et d’allégresse ! Un mélange de pop acidulée et de riffs délétères, à l’image des Burning Heads ! Motivant ! ».

Hyacinth fanzine, 13eme floraison, hiver 1994 : « Les Garlic sont certainement les premiers rejetons de la scène hardcore lyonnaise à percer à ce niveau. Tant sur le plan musical qu’en matière de distribution et de médiatisation. Les premiers à accéder à une certaine forme de reconnaissance à laquelle nous nous joignons volontiers à l’écoute de ce premier LP. Les 14 morceaux délivrés, servis par une production concise, nous surprennent même. Le groupe emprunte des axes musicaux assez divers qui nous emmènent aussi bien sur le « dos d’âne » d’un pop-core speedé (proche du format Hard-Ons) que sur les voies ferrées d’une gare hardcore noisy (parfois mid-tempo). Cet album est une déferlement de bolides mélodieux (de Hüsker Dü aux Doughboys…) en dessous desquelles on croirait voir des plaques d’immatriculation américaines (sûrement même californiennes) pour certaines et australiennes pour d’autres. Les influences sont multiples mais optimisées, sous le cachet d’un groupe expérimenté au tempérament de gagneur. S’il ne fait aucun doute que cette mécanique bien huilée fonctionne sur des schémas assez classiques, il faut reconnaître que la qualité des compositions est bien là. Et à ce titre, les froggies sont à situer parmi les valeurs sûres du genre.« 

 

Garlic Frog Diet Democrisis 1993

Tracklisting Democrisis :
01 Mistake maker (3:49)
02 Lost indoors (3:43)
03 Nothingness (1:22)
04 Fly to hell (4:52)
05 Puzzle country (1:57)
06 Madame Pras (2:53)
07 Democrisis (3:43)
08 Klutch (2:43)
09 Take me down (2:49)
10 Bike riding (To drive blind) (3:07)
11 Sleeping with the light on (5:26)
12 On the razor’s edge (1:44)
13 Personal resurrection (4:38)
14 In the cof n of life (6:12)  (live – june 92)
15 Lonesome Run (3:11) (*)
16 Bull (3:25) (*)
17 Cheated(3:19) (*)
18 Confused/Brogan (4:47) (*)

Produit par Garlic Frog Diet & Julien Escoffier. Enregistré à “L’Espace Sonore” par Laurent François, Alex Baetz & Franck Cavet, à Lyon, en décembre 92. Mixé par Julien Escoffier, mars 93. Art direction, design & cover photo by Alain Maurel.

All songs by Garlic Frog Diet except lyrics on 2,4, 6 by Cathy Frété.
Originally released on Semetary Records in 1993.

(*) Bonus édition digitale, extraits du CD-EP Smells Like Yeti (Rotation Sound, 1992). Enregistré at home & produit par Julien Escoffier, mars1992. Sauf “Confused / Brogan”, avril 1991 (Guitare : Gilles Laval).

 

*** EXTRAITS DE CHRONIQUES ***

« Democrisis semble un habile compromis entre un retour aux sources voulu et une tendance plus popcore. Entre le hardcore baston de “Puzzle Country” et l’adorable “Sleeping With The Light On”, entre les clins d’œil à Hüsker Dü et Fugazi (voir Drive Blind) et les coups de guitares à la NOFX. »— Philippe Couderc, Abus Dangereux, face 35, Février-Mars 1994.

« La rencontre du batteur des Parkinson Square, du chanteur bassiste de l’Enfance Eternelle et du guitariste des Plaies Mobiles pour aussi improbable qu’elle paraisse a bien eu lieu et le résultat est des plus intéressants. Malgré ce nom à coucher dehors et une pochette pas franchement engageante, “Smells Like Yeti” (sentez par là ce que vous voulez) est un mini CD 4 titres et demi bourré d’énergie, de fraîcheur et de mélodies accrocheuses servies par des guitares puissantes sans être lourdes et une voix qui n’a pas besoin de beugler pour se faire entendre. » — Cathimini, Abus Dangereux face 28, octobre-novembre 1992.

« Après Specimen, après les étonnants Skippies, l’heure est venue du Régime de Grenouille à l’Ail pour montrer ce qu’ils savent faire : et ils sont capables de tout, les bougres. (…) Nous tenons là d’excellents musiciens qui maîtrisent parfaitement leur sujet et savent s’aventurer hors des limites trop étroites du pop core (grillé, caramélisé ou nature, c’est toujours aussi bon !), pour nous proposer une musique beaucoup plus diversifiée qu’elle ne le paraît si l’on se contente d’écouter Democrisis d’une oreille distraite…
— Thierry Supervielle, Yeah! Magazine n°2, janvier-février 1994

Pub Garlic Frog Diet Democrisis