octobre 05

LES THUGS « As Happy As Possible »

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Avec les parutions de « Still Hangry » et de « I.A.B.F. », Les Thugs sont devenus des intouchables. Lorsque Eric, Christophe, Thierry et Pierre-Yves enregistrent « As Happy As Possible » dans la banlieue industrielle de Seattle en juin 1993, au Hanzsek Audio Studio avec l’impétueux Kurt Bloch aux manettes, Les Thugs sont au firmament de leur art. C’est le temps où le groupe cumule les tournées en Europe, aux Etats-Unis, c’est le temps où la presse mondiale est unanime. Le groupe joue où il veut, quand il veut, mène sa carrière de front tout en préservant son esprit radical. Quintessence de la réussite discographique, alors même que Nirvana tisse les jalons d’une nouvelle ère, Les Thugs, toujours en signature chez Vinyl Solution, reviennent au sein du label Sub Pop pour la parution « rest of the world » de leur nouvel album tandis que Roadrunner (icône rock hexagonale d’alors) publiera « As Happy As Possible » pour la France.

Plus que les autres albums, « As Happy As possible » représente un réel tournant pour le groupe. Non pas musical, mais plutôt identitaire. Cela fait bientôt 10 ans que le groupe écume les réseaux indépendants. Perdus dans leur paradis électrique, Les Thugs ne mesurent peut-être pas qu’à la sortie de « As Happy As Possible », en octobre 1993, le groupe symbolise, dans sa ville, l’improbable réussite pour une nouvelle génération qui surfe sur le grunge, qui ne sait pas ce que représente Gougnaf Mouvement, Closer, et ne comprend pas le son cracra de « Radical Hystery ». Il est effectivement rare, en ces temps reculés, de les croiser à Angers (où le groupe vient uniquement se reposer et répéter). A chaque fois qu’il est possible de le faire, la jeunesse locale ne manque pas une occasion de traverser la rue pour aller s’enquérir de la santé du groupe.

Les Thugs As Happy As Possible

Au milieu de ce fanatisme exacerbé, Les Thugs enregistrèrent un album concept : « As Happy As Possible », titre étendard trouvé par le batteur, dénomination révélatrice de l’état d’esprit serein dans lequel évoluait le groupe, une incantation dans la droite lignée du « Front International Contre l’Ennui ». Au lieu de calmer les esprits, Christophe chantait « Biking », « Horror Toys » déstabilisait, « As Happy As » transcendait. « Dreamers Song » nous faisait divaguer. On jouait au punk sur « Ad Men », « You Wanna die », « Flags ». En 20 jours, les trois Sourice et Méanard bouclèrent ce qui restera le meilleur souvenir studio pour le groupe. 20 jours suspendus de pur bonheur, 17 titres pour un double vinyle et une seule petite ombre au tableau : en réponse à l’esprit contestataire des Angevins, Seattle souhaitait voir, sur le rond central du disque, la photo d’Adolf Hitler devant la Tour Eiffel. Les Thugs refusèrent (« On ne badine pas avec ça ! »). Eric et Thierry avaient 33 ans, Christophe 31, et le petit dernier de la famille, 26 ans. « As Happy As Possible » cumula quelque 40.000 exemplaires vendus dans le monde, dont 15.000 aux Etats-Unis, et autant en France. Ce fut la première et unique fois que le groupe tenta quelques échappées soniques (voir les entremets). Ils étaient calmes et tranquilles, confiants de l’engagement de Sub Pop pour ce qui allait devenir « Strike ». C’était en juin 93. Les plays-off de la NBA se jouaient sur les écrans TV américains (Les Thugs en saisirent l’instant), le nouveau-né de Hanzsek poussait ses premiers cris (c’est lui que l’on entend à la toute fin de « Wang Leaves China »). On rentrait de cuite à 3 heures du mat‚ et on regardait le clip de « I Love You So » à la télé. L’enfant au tambour de la jaquette est le neveu d’Eric, et c’est Doudou, sur les conseils de Woody, qui prit la photo centrale de l’album dans les ardoisières de Trélazé.

Sur les remerciements de « I.A.B.F. », ils exhortaient leur raïa à tenir bon, à garder courage face à toutes les adversités. C’est ce que nous avons fait tous pour la plupart. Ils nous ont inculqué l’excellence : l’engagement philosophique, moral et politique. (Reynald Dal Barco, 2004)

Tracklisting AS HAPPY AS POSSIBLE :
01- As Happy As    05’20
02- Papapapa    03’23
03- Biking    04’38
04- Harpo’s Theme    02’02
05- Horror toys    07’10
06- Admen    05’14
07- August    04’16
08- Dreamer’s Song    05’26
09- (Omar Feels Fear In Weimar)    00’39
10- Flags    02’34
11- Monkey 58 Strings Sonics Fly    04’02
12- You Wanna Die    06’43
13- (Maria Cries in Lima)    01’02
14- Looking in Your Eyes    03’29
15- Immigres Clandestins    02’19
16- Desert Days    04’58
17- (Wang Leaves China)     01’32

Bonus Tracks (réédition CD Inventaire)
18- Omar Feels Fear in Weimar (live)    01′ 55″
19- Papapapa (live)    03′ 15″
20- There’s so Many Lies    02′ 41″
21- Road Closed (live)    04′ 08″

AS HAPPY AS POSSIBLE a été enregistré par Kurt BLOCH au Hanzseck Audio Studio à Seattle en Mai et Juin 1993 et produit par Kurt BLOCH et Christophe SOURICE.

 

 

Extraits de chroniques de AS HAPPY AS POSSIBLE :

« Produit par Kurt Bloch (Mudhoney, Tad, Supersnazz…) à Seattle, une Mecque dont Les Thugs sont actionnaires depuis Mathusalem rappelons-le, As Happy As Possible étonne par la richesse de sa palette, par son adéquation pointilleuse du naplam rythmique et des nettes velléités d’ouverture. On soulignera donc une vraie inspiration tous azimuts, une puissance de TGV, un raffinement psychédélique lorsque l’orage de plomb s’ensuive… »
— Jean-Luc Manet, Best Magazine, 1993.

« As Happy As Possible serait-il le meilleur album du groupe ? Question inutile sans doute, il est l’aboutissement de tous les autres, et de par ce fait le meilleur ! »
— Abus Dangereux #34, 1993.

« En mélangeant punk rock et pop rock, ils ont su redonner goût au binaire en se détachant des stéréotypes rock’n’roll. »
— Ran Tam Plan #7, 1994.

« On pensait tout connaître des Thugs, prévoir leur évolution. Pan sur le bec. Autant pour nous, pauvres voyants. Tout s’y imbrique avec une perverse complémentarité. Les guitares rudoyées, distordues, trainées dans la poussière y fricotant avec de l’étoffe premier choix (une approche toute de velours), ou avec de venimeuses lignes de chant. Un grand cru. »
— DM, Rage n°3, novembre/décembre 1993