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DIRTY HANDS « Letters For Kings »
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Enregistré par Eli Janney et produit par Ted Niceley au studio Le Chalet à Bordeaux en Septembre 1991 et sorti sur le label angevin Black & Noir en 1992, « Letters For Kings » est le deuxième album des DIRTY HANDS.
« Difficile, voire impossible, de cerner en quelques définitions péremptoires, ou par le biais d’étiquettes faciles, le rock’n roll tel que pratiqué par les DIRTY HANDS. C’était déjà particulièrement vrai pour « Lost In Heaven », leur magnifique premier album, là ça l’est encore plus pour ce « Letters For Kings » ; alors autant commencer par les faits bruts !
La bête a été enregistrée en dix jours au studio Le Chalet à Bordeaux sous la houlette d’Eli Janney et avec un certain Ted Niceley à la production, le même Niceley qui produisait le « Repeater » de FUGAZI, ce qui boucle (au moins) une boucle, vu que nos quatre angevins, en guise de (rare) reprise sur scène, exécutent régulièrement le « Waiting Room » de ces derniers… La production, tiens parlons en justement ! A l’opposé de la densité trashy, courtesy of Christophe Sourice, de « Lost In Heaven », le travail de Ted Niceley privilégie ici l’ampleur, la puissance et la clarté, ce qui laisse soupçonner l’impact physique démentiel de la musique des DIRTY HANDS sur scène, d’autant plus impressionnant et jouissif que ceux-ci ne cèdent jamais à l’hystérie facile, gardant d’un bout à l’autre de leur set le contrôle absolu de l’édifice sonique ondumatoire qu’ils construisent à coups de rythmique voodoo et de guitares spasmophiles… Tout, dans les compos du groupe, depuis le chant exaspéré et suintant le malaise de Gilles jusqu’au hachurage chirurgical des guitares, en passant par la précision maniaque de la rythmique, tout disais-je semble à ce point tendu vers un seul et unique but (en gros convaincre à force de sincérité et de pugnacité jubilatoire) que la sempiternelle distinction son live / son studio devient ici obsolète.
En outre ce fameux « son DIRTY HANDS », compact et puissant ne prend justement jamais le pas sur les titres eux-mêmes : des trucs comme « Bread And Games » (fable sarcastique et cruelle atomisant le cynisme et l’arrivisme yuppy) ou « Distant Light » enfoncent à tous points de vue les meilleurs amerloques sur leur propre terrain ! Le chant de Gilles, en particulier, est remarquable : à la fois puissant et mélodique, chaque syllabe nettement découpée tombant comme un couperet (« When Is The Future ») et assénant un peu plus une vérité fondamentale : il y a en France une foultitude de grands groupes de rock’n roll, quoiqu’en disent les sceptiques, mais notre hexagone manque encore de grands chanteurs de rock’n roll… Gilles fait partie du club, assurément !
Il est vrai que la très forte personnalité du groupe et de sa musique peut dérouter, au premier abord, l’oreille non-avertie, et qu’il faut un certain temps pour pénétrer pleinement dans l’univers de celui-ci, mais une fois cet effort réalisé, l’amateur d’émotions violentes et de binaire hallucinogène trouve plus que son compte de frenchcore puissamment jouissif. »
SINCE n°4, Mars 1992