Maniacs « Can Also Use Fruit »

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En 1988, les MANIACS décident de ne pas retourner en studio avec Robin Wills. Pour eux, l’ancien Barracudas, producteur de leurs deux premiers disques, ne correspond plus à l’évolution de leur musique. Ils choisissent plutôt 4-Eyed Thomas, le cultissime producteur des Nomads. Direction donc la Suède pour nos Fab’ Five Suisses qui enregistrent treize titres en 10 jours. Le résultat s’appellera Can Also Use Fruit et sortira en 1988 sur le label parisien Stop It Baby Records, structure rock’n’roll-garage de Bondage Records dirigée par David Dufresne du fanzine Tant Qu’il Y Aura Du Rock. Le jeune homme est également le co-créateur avec Yannick Bourg du magazine Combo dont le premier numéro paraît à l’hiver 88/89 et contient, en plus d’un long article historique sur les Maniacs, une chronique élogieuse (dithyrambique est sans doute le mot juste !!) de Can Also Use Fruit. Chronique dont on reproduit ci-dessous l’intégralité. A ce jour, on n’a encore jamais fait mieux pour susciter l’envie d’écouter un disque.

« Je suis rond, noir et brillant. Rien de follichon. Comme des millions avant moi, et comme des millions après, je le crains. Ce qui me singularise et me rend unique, c’est le macaron central, approche-toi, lis , tu vois « Les MANIACS » écrit en plus gros que tout le reste. C’est mon tatouage. Il est important, fondamental. Maintenant, laisse-moi glisser dans ton oreille. Je sais que tu dormais. Ou que tu étais assoupi. Dans une attente interminable et inssupportable. L’attente du miraculeux disque qui te laverait du gâchis musical généralisé. Et me voilà, abacabrada. Frais, et éclatant de santé. Etincelle grisante. Les disques, et je suis bien placé pour le savoir, ont un arrière goût de mort. Quand nous reposons dans nos pochettes, ce sont autant de petits cercueils qui t’entourent. Il faut nous sortir, nous faire prendre l’air, et surtout nous jouer. Et quand tu tiens entre tes doigts un OVNI (Objet Vynilique Noir Indispensable) comme moi, je vois sur ton visage réfléchi qu’à cet instant fugace il y a comme une vague de mystère qui te noie. Et que rien ne peut endiguer. Une suffocation donc, et une peur. car l’excitation qui te saisit est si follement intense, parce que tu attendais ce moment avec ferveur, que cette attente peut être déçue ; et c’est un précipice froid qui s’ouvrira alors sous tes pieds. Il n’y a qu’un moyen de le savoir, ton bonheur ou ton malheur en dépendent, c’est de le faire vivre. Jouons ensemble.

Les Maniacs circa Can-Also-Use-Fruit-Photo-PresseLes Maniacs (1988) – photo Yvonne Baumann

Je souris déjà, dès « Adult World » le premier morceau, quelque chose se passe. C’est physique. Un frémissement qui, avant la fin de la face, aura gagné tout ton corps. Envahi. Les fricottis, gratouillis, entrechats, entrelacs des guitares te démangent comme des minuscules vers aphrodisiaques. Oh là là, et l’harmonica, avec ce SON, plein, juteux, ce SOUFFLE vital, et ses riffs formidables qui secouent les morceaux brutaux et les réoxygènent. Goûte aussi l’alternance et la complémentarité des deux chanteurs. Je ne sais pas si tu réalises vraiment le don mélodique des Maniacs, leur éxubérance rageuse dans les compositions, « It Means Hate », « Sad Sunday » par ex., mais il faudrait toutes les cieter. DOUZE bijoux; pas de toc, du Rock’n’roll ! TOUT ce que tu aimes je l’ai, avec une touche, une saveur, une couleur originales en plus qui créent la différence. Et mentionner encore l’apport décisif de 4-Eyed Thomas à la puissante production, qui a étoffé, ouvert, enrichi l’espace sonore. Je donne du plaisir, et quel plaisir, comme dans l’amour quand éclate l’orgasme partagée. Si tu es un homme, je te fais femme, capable de jouissances répétées ; terminée la mesquinerie de l’éjaculation calculée parce qu’unique. Et si tu es une femme, je suis l’AMANT idéal, une rondelle à douze coups (un brin de vulgarité est salubre). Je suis l’île enchantée. Celle qui te permet de continuer à rêver d’une musique rock sincère, enthousiaste, jouissive, magique. Je sais qu’il faut sans cesse se pincer pour se prouver qu’on est vivant. Et je suis ce pincement délicieux au cœur qui t’arrache des cris de plaisir. Et si les discothèques sont des cimetières, si les disques sont parfois des tombes, mêmes prestigieuses, je suis aussi un fossoyeur joyeux : j’enterre tous les autres. Je suis le MEILLEUR disque de rock de l’année 88, et j’en suis fier. »

Tracklisting Can Also Use Fruit
01- Adult World
02- It Means Hate
03- A Way Of My Own
04- Sometime, Somewhere
05- Don’t Come My Way
06- I Can’t Tell
07- Nobody Knows
08- Motorcycle Baby
09- Sad Sunday
10- From That Day
11- I Watch You
12- Apologize
bonus édition digitale
13- I’m Going Home*

Produced by 4-Eyed Thomas, Recorded and Mixed by Mikael Herrström at Mistlur Studio, Stockholm, Sweden (2-14.8.88)
Cover by Sabine Reuter & Monte Bonsuma. All songs by Les Maniacs.
Sur ce disque, Les Maniacs sont :
Alex : chant, guitare
Alain : chant, basse
Thierry : guitare, chœurs stéphane batterie
Patrick : harmonica, chœurs.
Hans Östlund : guitar on « It Means Hate » et « Don’t Come My Way » by Courtesy of Amigo Musik Ab & The Nomads.
Patrick : guitar on « Apologize ».

* « I’m Going Home » (The Sonics) est extrait de la compilation Tant Qu’il y Aura du Rock – The Compilation Vol. 1 (Stop It Baby Records, 1988). Recorded and produced by 4-Eyed Thomas @ Studio 11 de la Radio Suisse Romande, Genève.

 

Extrait de chroniques :

« Don’t let the stupid tittle and the cartoon cover art fool you, this is one killer chunk of vinyl from Switzerland’s Maniacs. This time out they’ve nabbed producer 4-Eyed Thomas (Nomads) to give the songs more crunch than their previous R&B influenced efforts. There’s still a fair bit of harp wailing, but the sound has moved towards a tought Barracudas/slightly poppy Nomads type of thing. And it cooks too ! » — What Wave, UK.

« Les Maniacs sont sur vinyle ce qu’ils sont sur scène : enthousiastes et iconoclastes. Leurs influences (garage, pop, R and B, Trahs et j’en passe) sont digérées et resservies à la sauce Maniacs et ne vous laisse aucune chance de résister. » — fanzine Larsen

« Comment arriver à croire que ces Genévois arrivent à sortir un disque aussi hallucinant de vérité. Rien n’est à jeter, tout est à envier tant les compositions sont spontanées et extrêmement rock’n’roll. (…) Ces treize morceaux, bien qu’enregistrés 10 jours, sont prêts à vous jeter de votre fauteuil. Ecoutez-le ! » — Bootsy dans le magazine Taktik.

« Ce disque est une vraie surprise. Les Maniacs sont cinq Suisses décidés à aérer ce coin d’Europe étouffé sous les coffres-forts. Parce qu’ils ont choisi de chanter en anglais, de jouer un rock épuré et énergique, la référence aux DOgs est immédiate. Au-delà, pour le son énorme des guitares, les chorus d’harmonica chauffés à blanc et la vraie voix du chanteur, l’esprit des Inmates souffle sur les Maniacs. A l’écoute de cet album, on imagine la qualité des concerts : des morceaux comme « I Can’t Tell », « Sometimes Somewhere » ou « Don’t Come My Way » sont des chefs- d’œuvre de simplicité et d’efficacité. » — E.M. dans le magazine Guitars & Claviers

« Comme le chocolat, les Maniacs sont à consommer avec modération, et pourtant qui se plaindrait d’un usage intensif, en dehors des sourds ! L’album est construit comme un concert des « Cinq de Genêve », ça roule au début, mid-tempo lourd, carré comme un camion, pour boucler la face dans un délire quasi-live, une envolée de guitares, bluesy et spasmée d’harmonica. (…) Sans temps mort, la face B repart pied au plancher pour ne plus lâcher la ligne droite, à peine a-t-on le temps de souffler sur « Sad Sunday » que l’harmonica et le drum kit viennent vous filer un coup de pied de vache (Milka ?). » — Max well, le Légume du Jour n°4, Avril 1989