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City Kids « The Orphans Parade »

Les Kids sont grands maintenant. Reconnus dans des contrées naturellement enclines aux effusions de son et au chant en anglais. A la demande du label italien I.R.A. Production, ils vont enregistrer en Toscane, à Florence, en compagnie de Rob Younger et Alan Thorne. On ne change pas une équipe…, tu connais la suite. Les City Kids parviennent à produire un disque qui s’adresse autant aux adeptes du wild rock’n’roll qu’au public moins coutumier des embardées soniques et plus familier des sons domestiqués. Quelques chansons de ce disque auraient dû caracoler au sommet des charts si seule la logique artistique primait. Mais logique et rock’n’roll n’ont jamais fait bon ménage. Une telle justesse de ton, une telle perfection et une telle précision autant dans l’intention que dans l’exécution, confèrent à The Orphans Parade le statut d’album culte vénéré par la fange mélomane des adorateurs du rock’n’roll le plus authentique.

photo : Denis Chambrelan

Le disque débute par la somptueuse “Poison Dream” qui met l’héroïnomane face à sa déchéance, un morceau incroyable qui devrait illustrer des campagnes de sensibilisation contre l’usage de la dope. Lancer un album à partir d’une telle altitude est un risque ; il oblige à garder le cap pour obtenir un chef-d’œuvre. On le sait désormais, les City Kids sont insubmersibles. Qui les a vus sur scène garde le souvenir de concerts foudroyants sans que les Kids n’exagèrent, il leur suffisait de lâcher la horde sauvage contenue dans le microsillon pour que les chansons prennent des proportions stratosphériques. Les Kids transmettaient plus de puissance, de force et d’énergie que mille chevaux vapeur lancés au galop. Chaque coup de médiator, chaque coup de baguette, chaque note de piano, chaque intonation de voix déclasse la poussée d’Archimède à un pet de mouche dans un verre d’eau.

The Orphans Parade est constitué de dix chefs-d’œuvre portés par des briscards qui traversent le Triangle des Bermudes que constitue le rock’n’roll, la tête haute et le cœur léger. Le piano martèle pendant que la guitare tire sur tout ce qui bouge avec l’appui d’une batterie-foreuse et une basse lance-flammes et, comme si ça ne suffisait pas, ils font usage de cordes et de cuivres en appui logistique. Sur certains titres, on les croirait en mission commando. Les Kids sautent sur la platine, snipers en tenue de soirée, élégants et racés. Cet album monde n’en finit plus de livrer ses saveurs, de révéler ses secrets, d’affirmer son caractère, de confirmer ses prises de risques, de se bonifier, d’embellir avec l’âge sans avoir de patte d’oie au coin des yeux ni de tempes grisonnantes car il a miraculeusement échappé aux tics de production typiques des années 80, ce qui lui permet de traverser les années sans mollir et sans accoutrement cosmétique ridicule. Bref, un chef-d’œuvre.

Patrick Foulhoux (2017)

The Orphans Parade (I.R.A. Production, Accord, Musidisc, 1986)
01. Poison Dream
02. The Real Thing
03. Rebels
04. Dawn Of Love
05. Shell World
06. Nightfall
07. Promised Land
08. Liar
09. S.H. Infirmity
10. All Fools Day
11. Only Question (+)
12. Glass Cage (+)

Recorded by Alan Thorne and Rob Younger at Emme Studio studio Firenze. Mixed and produced by Rob Younger and Alan Thorne.
Mixed at the Caroline Studio by Alan Thorne and Rob You nger. Mix assistant : P.Y. Roupin. August 1986.
All songs by City Kids except “Liar” (Fleur de Lys).
(+) were issued as a 7’’ EP

D. Comont : vocals, piano
C. Paillette : bass
S. Lesauvage : drums
P. Lamy : guitar

Originally released in 1986 by City Kids Records / Accord

Disponible en digital sur les plateformes de streaming et de téléchargement le 25/05/2018 !