Mad Monster Party « Ten Lovers »

Le décor de l’enregistrement de Ten Lovers se pose au Beaumont Studio, non loin de Manchester, régulièrement squatté par les groupes Black & Noir (…) et c’est dans une ambiance semble-t-il sereine que Christophe Sourice a produit cet album.

Loin de s’encombrer de fioritures, l’efficacité de la production restitue tout à fait la puissance sonore des Mad Monster Party. Pas de grosse surprise, donc, si ce n’est la logique avec laquelle les titres se suivent. Même si l’agencement des morceaux n’est pas sciemment calculé, il cimente la galette, lui donne force… D’ailleurs, entrons sans plus tarder dans le détail.


Tout s’ouvre sur « Play Time », morceau à la voix relativement calme, soutenue par un lointain mur de guitares et une six cordes solo posant la mélodie. Ce titre donne le ton, place le degré d’écoute et ne laisse pas de doute quant à ce que seront les thèmes des chansons : le mal de vivre, le même que l’on retrouve sur « Never Try ». Ce n’est qu’avec « Ten Lovers In My Head » que se crée une première coupure : moins sauvage, plus pop jusqu’à ce qu’une accélération vienne casser la baraque avant que les choses ne reprennent leur cours normal sur un fond de larsens. Ce titre est superbement construit, à l’instar de « Out Of Time », qui lui fait écho après le délicieusement destroy « Onetwothreefour » où le déchainement des grattes et la puissance rythmique s’emballent. Ils y foutent le paquet. Voix saturées, pédale wah-wah… La tempête emporte tout sur son passage et fait le vide pour « Out Of Time ». Toujours ces superbes mélodies, ces changements de tempo, ces breaks qui tombent naturellement, sans forcer, sans forceps… Un accouchement brillamment logique.

La face B commence dans une usine. Un beat ultra répétitif, lourd, lancinant, qui passe sans transition à une mélodie raffinée : c’est « Corridors Of Bloood ». Devrais-je réitérer mes compliments pour « Forever In My Mind », « Sad Cowboy » (le plus thugsien de la galette, mais aussi le plus chaud) ou « Somebody » (répétitif et presque aliénant, en phase avec le texte : « I want somebody, I need somebody, I’m waiting for somebody… ») ? Assurément, c’est en beauté que tout cela devait se boucler, avec un « The Seven Rules » ronflant, bourré de wah-wah, le tout racontant un rêve (à mon avis, ce serait plutôt un trip tant ce brûlot est illuminé). Peu importe, le résultat est là : 30 cm de plaisir infini.

L’auditeur,
Abus Dangereux, Face T, Février 1991

 

Enregistré au Beaumont Street Studio à Huddersfield (UK) par Steve Whitfield, produit par Christophe Sourice en septembre 1990, exceptés (*) enregistré au Studio Le Chalet par Jean Marc Sigrist et produit par Christophe Sourice.

Sorti en 1991 sur le label Black & Noir Rds en CD et LP.
Sauf (*) sorti en 1990 sous la forme d’un 45 tours.


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