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Soucoupes Violentes « A Des Années Lumière »
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Les Soucoupes Violentes se prétendent « A des Années Lumière », de qui, de quoi ? D’elles-mêmes ? Des modes ? Des chapelles ? Du rock ? Non, quand même pas ! A des Années Lumière, titre générique de leur dernier album, un instrumental à la vitesse de la dite lumière justement, pour un jeu interactif dont nous sommes tous les héros, les Soucoupes Violentes un peu plus que nous, mais à peine, un instrumental entre Shadows et Star Wars, pour donner le ton (même s’il n’ouvre que la face B) de ce disque.
12 titres pour se placer, s’imposer, les Soucoupes Violentes suivent leur petit bonhomme de chemin, parfois un peu cahotique, comme l’éviction l’an dernier d’Aude, la clavier, et Poussin, le bassiste. Depuis, la basse est passé dans les mains de Christophe Baudrillart (le petit frère de Denis, le batteur), et les Soucoupes Violentes de devenir de plus en plus une affaire de famille, ce ne sont pas les participations choristes des LHO sisters sur 4 titres qui vont me contredire. La LHO connection justement, dont les envolées enlevées et élevées sur « Sick And Tired », ou les chœurs à peine soulignés comme une ligne de rimel sous de grands yeux bleus de « Tu n’me vois pas » font passer comme une onde sismique parmi les sillons de ce skeud. « Tu n’me vois pas » ou le charme désuet des slows d’antan, ceux des surprises-partys ou des boums adolescentes (combien en avez-vous dragué sur ce genre de truc, hein ?), un brin de nostalgie n’a jamais nuit, même s’il ne faut pas en abuser, les Soucoupes Violentes évitent ce piège.
« Je n’sais pas pourquoi / J’veux toujours ce que j’ai pas », le regatta du mal de vivre de « Avec ou Sans Toi » laisse cependant poindre une lueur d’espoir et de malice, la danse au secours de l’ennui, quelle meilleure ordonnance ? Et quand le big boss Patrick Mathé en personne vient souffler dans son harmonica le temps de ce titre, on se dit que les Soucoupes Violentes restées chez New Rose, c’est surement pour faire un jour partie du conseil de famille (encore ?). Et d’appuyer leur message : « Il ne s’est vraiment rien passé / Toutes ces quelques dernières années ». Stéphane Guichard aurait-il la mémoire courte ? « Dans Ta Bouche », « Rester Au Lit », « Va Savoir », « Et pour un Oui et pour un Non », rien ? « L’imparfait » en single imparable, harmonica discret et orgue volontaire, est une bonne page de publicité pour les Soucoupes Violentes, mais un tantinet mensongère.
Vive la publicité comparative de « T’as rien compris », moins sauvage et fulgurante que la première version, on tourne ici au classique 60’s, orgue chaloupé et syncopé, guitare à la dérive. « Mes histoires tu les connais / Les gestes et puis les faits », ces petites saynètes en forme de bouts d’essai, la comédie humaine revue et corrigée version 91. A des Années Lumière revient à un « format rock » un peu plus « classique » que Va Savoir sans atteindre l’urgence de Dans Ta Bouche (on mûrit), le bon compromis. Si c’était à refaire ? « Juste entre ciel et terre / Mais on est tous frères, mon frère ! » (même si certains pensent l’être plus que d’autres). « Une deuxième vie » ? Pourquoi pas ! Tempo endiablé, sax brinquebalant et guitare-sirène pour prévenir qu’ils vont débarquer, pour de bon cette fois ? Et pourtant « Je n’suis pas comme toi », mais on ne recule pas devant l’ennemi malgré les rafales d’orgue et les salves de guitare… « Abandonne ! », clament-ils haut et fort. Il y a là une contradiction qu’il faudra bien éclaircir un jour, bien que, finalement, il s’agisse là ni plus ni moins que de la complexe histoire de l’humanité. Je t’aime, moi non plus.
Le plus simple, c’est encore de se pencher sur ce qui se passe autour de soi. L’amour, toujours l’amour ! Mais pas la love story, ou en tout cas pas tout de suite, ou plus maintenant. Non, l’amour se doit d’être pathétique à défaut d’être romantique. « Les nerfs », sombre et désespéré, l’assassin est là, « Mais ce n’était qu’un accident, Monsieur le Juge ! », dit l’amant désorienté par tant de facilité. Les chemins du chœur sont souvent impénétrables, « Lonely Girl », hymne fuzz aux amours perdues et retrouvées. « L’enfer c’est toi », il paraît ! Ça tient à si peu de choses, un coup de fil au petit matin, le blues de l’indifférence, sauf pour l’autre qui essaie, ou qui ne comprend pas.
Il ne s’agit pas que de cela… et de chansons, puisque tout finit ainsi. Mais il y a chanson et chanson, ne pas confondre. Vous chantiez ?… « I just sing », j’en suis fort aise, et Reg Presley aussi, certainement. Les Troggs pour boucler la boucle (eux aussi doivent bien être à des années lumière), et la seule reprise de ce disque aux couleurs sidérales. Un album de rock, c’est quoi, sinon une soucoupe, un peu plus violentes que les autres ?! — Lionel Dekanel, Rock Hardi 1991
A Des Années Lumière (1991)
01- L’Imparfait
02- Sick And Tired
03- Tu N’Me Vois Pas
04- T’As Rien Compris
05- Les Nerfs
06- Une Deuxième Vie
07- À Des Années Lumière
08- Abandonné !
09- Avec Ou Sans Toi
10- Lonely Girl
11- L’Enfer C’est Toi
12- Just Sing
bonus édition digitale
13- Et pour un oui, et pour un non
14- Cracher dans la soupe
15- Les Roses Fanées
Produit par Les Soucoupes Violentes et Bruno Donini. Arrangé par les Soucoupes Violentes.
Initialement sorti en 1991 sur New Rose.
Les Soucoupes Violentes sont :
DENIS BAUDRILLART : batterie, percussions
CHRISTOPHE BAUBRILLART : basse, harmonica
ELIE CHEMALI : claviers, chant
STEPHANE GUICHARD : guitares, chant
Extrait de chroniques :
« On ne repère pas la moindre faute de goût dans le choix de leurs chansons nerveuses et délicates. Ils concrétisent ainsi tous les espoirs placés dans des groupes comme les Coronados (avec lesquels ils partagent beaucoup d’éléments comme les influences, le type de chant et le phrasé) et réussissent cette remise à jour (et en français) d’un rock garage que leurs prédécesseurs n’avaient qu’esquissée. » — Rock&Folk juin 1991
« S’ils sont acculés à la base pour le niveau des paroles, en revanche la musique enjouée dispose d’une mine réjouie dont l’homogénéité des couches traduit une réelle preuve de maturité. Il reste encore à creuser avant de tomber sur un filon pur, mais les fondations sont solides. Pas de risque de coup de grisou. » — Christophe Gasparini, Another View n°5, avril/mai 1991
« Car s’il y a un groupe incontournable de vrai rock’n’roll chanté (et écrit!) en français, il se nomme Soucoupes Violentes ! Comme si ces garçons nés avec la pop psychédélique, déniaisés au cri du punk, muris au son du garage, avaient enfin su mixer le meilleur d’un Dutronc ou d’un NIno Ferrer avec trois décades de rock’n’roll anglo-saxon. » — Hambourg, Les Nouvelles D’Orléans n°529, juin 1991
« Avec ce troisième album, les Soucoupes Violentes persévèrent dans leur recherche, consciente ou inconsciente, de l’accessibilité POP. Toujours gorgé de sensibilité 60’s, Garage Punk et Rhythm’n’Blues, leur Rock’n’roll classieux est arrivé à une sorte d’aboutissement, tant au niveau des arrangements que sur le plan de l’écriture ». — Les Envahisseurs, été 1991