Zero Gain

Étonnés que leurs oreilles fonctionnent encore alors qu’ils se sont pourtant sacrément donnés du mal pour les détruire les vingt années précédentes, quatre vieux punks stéphanois se décident à remonter un groupe en décembre 2012.

Lors des deux décennies antérieures, ils ont donc fait leurs armes au sein de Perfect Cousins, Post Silly Poulps, Protex Blue, Spit, Boxing Elena, Take Warning!, et je vais oublier volontairement un sacré paquet d’autres groupes puisqu’il faut en convenir : aligner des noms, c’est chiant. Tous avaient déjà joué avec au moins deux de leurs comparses mais jamais tous les quatre ensemble, c’est bizarre ; par contre, on pouvait les trouver aux comptoirs des mêmes bars ce qui peut expliquer l’évidence de ce projet commun. Un « projet » aux contours bien déterminés : « On s’en fout, on fait ce qui sortira et basta ! ». L’absence de vista artistique n’empêche pas les influences de ressortir et finalement, ça ressemble aussi un peu à un mélange de tout ce qu’ils avaient fait auparavant. Soit un mix d’influences punk 77 et post-HardCore, résolument ancré dans une tradition stéphanoise où les guitares rock’n’roll s’accompagnent tout de même de mélodies. Ils piochent leur nom, Zero Gain, dans le répertoire d’Exit Condition, légendaire et obscur groupe Britton de la fin des 80’s, et en voiture, Simone !

Six mois et une paire de concerts plus tard, ils se disent « tiens, et si on enregistrait ? ». Les voilà donc pour un week-end assoiffé (quatre valises de Heineken, six litres de vin et une bouteille de Champomy) dans les murs du myhtique « Appertte Studio » sous la houlette de Saint Ives, patient et émérite producteur de toute une flopée de groupes punk, pop et garage (Lookers, Norma Jeans Baker Underwear, Raymonde Howard etc). Sept titres sont mis en boite qui sortiront en janvier 2014 sur le LP Slow Thinking. Les mois suivant voient Zero Gain se produire de façon aléatoire dans les squatts, bars et salles auto-gérées de la région, leurs emplois du temps de vieux ne leur permettant que de rares excursions dans d’autres contrées ; ce qui est d’ailleurs toujours vrai à ce jour (vous le voyez, le mal que peut causer le salariat, hein ?!). Ils retournent aussi faire du bruit dans le studio Appertte ce printemps là pour enregistrer quatre titres qui sortiront un an plus tard sur un le split LP Pure Panther Piss partagé avec les Lyonnais de Torino (dont le batteur, Félix, avait joué avec trois des Zero Gain presque vingt ans plus tôt dans Protex Blue).

En 2016, le groupe se décide enfin à enregistrer un album digne de ce nom et bloque un week-end du début de l’été pour enregistrer dix titres (dont une reprise des Prisoners). Saint Ives leur intime l’ordre de se pointer au studio sans alcool mais avec des guitares accordées, pour une fois, ce qui foirera lamentablement. Mais tout de même, ils arrivent à leur fin… Laborieusement, certes. Ces titres sortiront en mars de l’année suivante sur un LP au titre long comme un jour sans pain : Another Soundtrack To The Social War – Modern Blues About Work, Unemployment, Drinking & Football. Le groupe ne presse que cent copies faute de subsides, et un pressage K7 d’autant d’unités se perd entre l’usine portugaise et le domicile du label qui devait le sortir… On appelle ça « la chance stéphanoise ». Le groupe continue cahin-caha à jouer, le plus souvent en soutien à des causes que les membres du groupe s’accordent à trouver légitimes. Ils retournent enregistrer trois titres en mars 2018 qui sortiront à 60 exemplaires sur une jolie petite K7 éditée par sur Tutti Pazzi Records et Senseless Acts Of Anger. Peut être leurs meilleures chansons à ce jour, tiens. Et toujours dans ce style hybride incorporant quarante années de punk-rock et des choses plus mélodiques, voire hard-rock, même !

En 2018 comme en 2012, ils sont toujours dans la même optique : pas de « plan de carrière », pas de Facebook ni d’Instagram, pas de volonté de sonner obstinément « retro » ou « post-retro », juste le plaisir de faire quelque chose de valide créativement parlant ; et entre potes s’il vous plaît !

Ne laissez jamais le guitariste vous emprunter votre guitare : elle ne marchera jamais plus comme avant.

N’essayez jamais de parler de l’A.S.S.E. avec le chanteur, il vous grillera le cerveau.

N’espérez jamais que le batteur ne se casse pas au moins un os dans l’année.

Ne causez jamais, jamais, jamais de radiateurs avec le bassiste.

Jack Péponne,
été caniculaire 2018, Saint Etienne.

Discographie :
2014 – Slow Thinking 12” (Gestalt / No Glory / Best Stuff / Echo Canyon / REST)
2015 – Pure Panther Piss Split 12” LP avec Torino (Echo Canyon / PurePainSugar)
2017 – Another Soundtrack to the social War… LP (Meantime, Boum Boum Rikords, Bad Health)
2018 – Going Nowhere EP K7 (Tutti Pazzi Records / Senseless Acts Of Anger).
2018 – Modern Blues. The First Five Years CD (Twenty Something)
2023 – Empires have no borders, they have fronts LP (Twenty Something, Bad Health, Trnazophobia, Senseless Acts Of Anger et La Tête dans le Guidon)

Tous les disques de Zero Gain sont écoutables ici : http://zerogain.bandcamp.com/


* * * Extraits de chroniques * * *
 

« … pop punk that’s pretty heavy on the pop but with no lack of aggression. It immediately brings to mind Leatherface and Pinhead Gunpowder. The recording is great. It sounds very clean which works well as the guitar bass sits just rightly in the mix and plays a big roll in the catchy aspects of the songs. The vocals are sung with just a hint of gruffness that fits the music well. » — Maximumrocknroll, USA (à propos du 12″ Slow Thinking)

« …quand on travaille les lyrics, quand on propose des morceaux clairs, le duo couplet refrain avec le riff tonique, ça marche toujours, que voulez vous de plus ? » — Cafzic, France (à propos du 12″ Slow Thinking)

« For fans of poppy, jangly, mod-punk like the Buzzcocks or, more recently, Low Culture and Radioactivity, here are seven fun, upbeat songs from French punks, Zero Gain. I’ve always wanted to visit France and I think this band would be fucking great to see live. There is a life and energy that makes me want to bop around a smoky bar with an Audrey Hepburn-look-a-like, scooter-riding, Parisian punk waiting to break my heart so I can listen to these songs again. I love this sound! » — Razorcake, US (à propos du 12″ Slow Thinking)

« Ne cherche plus ton disque de punk rock français de l’année, il est juste là sous ton nez. » — Records Are Better Than People (à propos du split 12″ Zero Gain / Torino)

« On retrouve toujours cette même patte stéphanoise dans ce punk-rock biberonné à Leatherface, Jawbreaker, Hüsker Dü et Sixpack, une mélancolie rageuse bien définie par le groupe lui-même sur la pochette arrière du disque par l’expression « modern Blues ». (…) Rayon nouveauté, ils se risquent même une fois à ralentir leur chevauchée galopante, tenter le mid-tempo, et propulsent leur punk-rock dans les 90’s. Et ça marche plutôt pas mal même si la pole-position du morceau empêchera sans doute de le juger à sa juste valeur. » — Psycho Disco, France (à propos de l’album Another Soundtrack to the Social War)