SKIPPIES

Avec les Skippies, pas d’apesanteur inutile : l’histoire s’est écrite à la vitesse de la rage première, de celle qui réunit un jour cinq comparses dans une cour de bahut pour une partie de poker avec le destin au volant de l’instrument de son choix. Sûr, rien d’époustouflant dans tout ça, mais le conte de fées est tenace et, à ce petit jeu, les Skippies ont plutôt bien franchi les étapes tout en perpétuant l’absence de complexe géographique et textuel.

Ainsi, partis de Rennes en 1990, au son d’un rythm’n’blues sixties délivré punky sous couvert de reprises choisies (The Clash, Buzzcocks, Saints), les French sauteurs ont vite eu la réputation d’éponges sonores et de girouettes musicales. Il est vrai qu’il n’était pas rare de les voir enchaîner un morceau rap à un autre à la furie hardcore. Ils avaient tout essayé. Un groupe leur plaisait ? Pof ! Ils accouchaient d’un thème. Bref, ils se cherchaient. Et c’est avec l’arrivée de Mick (guitares) qu’ils comprirent que la synthèse valait mieux que l’éparpillement : une direction plus ferme, magistralement illustrée par un premier album en 1993 World Up! sur le label New Rose, produit par Harvey Birrell (producteur de Senseless Things et de Therapy?), qui les plaça bien plus haut qu’ils ne le pensaient eux-mêmes. Et s’il faut absolument les classer dans une case, osons le terme de « popcore » qui leur va comme un gant : un amalgame réjouissant d’harmonies et de fureur, tissé de titres tout à la fois speed et mélodiques, forts d’une énergie féroce, attendrie par le double jeu de voix de Fred (chant) et Patrick (basse). Et avec ça, un groove à vous faire trémousser ou sauter en l’air, au choix, jusqu’au bout de la nuit ! L’album fut remarquablement accueilli et leur permit de tourner partout en Europe.

Skippies Pic 2
Un EP « Care » plus tard, le groupe se sépara douloureusement de son label (ils iront jusqu’aux Prud’hommes) et trouva refuge chez Les Productions du Fer, une jeune maison de disques rennaise créé par Benoît Careil, le Mr Bing de Billy Ze Kick. Nous sommes en 1994 et les Skippies s’envolent pour New York pour enregistrer Massive avec Martin BISI (premier producteur de Sonic Youth entre autres) aux manettes. L’album, qui sort au printemps 1995, est à la fois plus mordant dans les morceaux haletants et plus fin dans les mid-tempos sournois, les Rennais y dégagent une aura de puissance sombre superbement contrebalancée par des vocaux désinvoltes. Encore une fois l’essai est transformé et devrait faire se lever les foules, mais nous sommes au milieu des années 90 et l’âge d’or de la scène hardcore/grunge semble passé, et malgré de nombreux concerts et un nouvel EP (intitulé « Roll ») au printemps 1996, la fatigue se fait sentir. Le groupe change de musiciens, mais ne retrouvera jamais un équilibre satisfaisant. C’est d’ailleurs en trio que le groupe entre en studio pour enregistrer un troisième album… qui restera inédit ! Les trois Skippies restants (Mik Prima, Pat Sourimant et Fred Gransard) mettent alors fin au groupe et forment Bikini Machine en 1999. Mais ceci est une autre histoire…

Discographie :
World Up!, 1993, CD New Rose
Care, 1993, CD EP New Rose
Massive, 1995, CD / LP Les Productions du Fer
Roll, 1995, CD EP,  Les Productions du Fer