Wild Child « Speedlife O’Mind »

Nombreux sont ceux qui se veulent les enfants — légitimes ou non — des Stooges, du Velvet ou des Doors. Mais il faut bien reconnaître que nombre d’entre eux ne dépareraient nullement le rayon “monstruosités” du Musée de l’Homme et n’auraient jamais dû quitter leur bocal. Heureusement, Wild Child n’est pas de ceux-là. Bien sûr, les gênes de la sainte trinité Stooges-Velvet-Doors sont profondément ancrés dans leurs chromosomes, mais ils ont su ne pas se cantonner dans un vulgaire plagiat et possèdent une forte personnalité.

Après un premier 45 tours auto-produit, “Stooge Face” (pas un hasard…), maintenant épuisé et introuvable, Wild Child sort un mini-album de six titres, également auto-produit et distribué par New Rose. Dès la première écoute, on ne peut qu’être impressionné par la voix stupéfiante du chanteur, Little Jim, une voix rauque et roulante (j’ai osé…), tout d’abord caverneuse, comme provenant d’un grouffre sans fond (évidemment !), puis jaillissant tel un geyser de vitriol à la (stooge) face du monde. Leeroy Stanner, le guitariste, n’est pas en reste. Tel un vieil alchimiste fou, il nous distille tour à tour des riffs hallucinés et envoûtants et des solos speedés et torturés. L’ensemble, avec la section rythmique, produit un son bien particulier et donne aux compositions un relief saisissant. Trois morceaux se détachent.

Tout d’abord “Dusty Friends” (“Amis de poussière”) qui est une sorte de mélopée langoureuse qui colle parfaitement au très beau texte de Little Jim : “I’m born in a desert land where blind horses are named men / Some church side an ancient lake / Showing us some un-know religion state / Wild horses In the desert land / In need of water / Becoming insane” (“Je suis né dans un pays désertique / Où des chevaux aveugles sont appelés hommes / Quelques églises derrière un ancien lac / Nous montre quelques religion inconnue / Des chevaux sauvages dans le désert / en manque d’eau / Deviennent fous…”). Plus speed (comme le reste de l’album), “Modern People” est un saignant portrait de ces “fiers gens modernes” qui ont “trop d’assurance” et “pas assez de lucidité”. Egalement très fort, “I Don’t Care” (“Rien à Foutre”) est une sorte d’hymne heavy-punk qui déboule à cent à l’heure et qui vous passe sur le corps sans s’arrêter. Normal.

“She Drives Me Insane” et “Hate And Love”, tout en étant efficaces, manquent peut-être un petit peu d’originalité, malgré, dans le premier, un drôle d’harmonica qui tourne autour de nous comme une mouche entêtée… “Speed Life Over Mind”, titre qui donne son nom à l’album, est un joyeux délire, pas très facile, où chacun a l’air de se défouler. Bref, Wild Child joue (bien) et gagne !

Ah ! Oui, j’allais oublier. Wild Child est un groupe français. D’accord, ils chantent en anglais, mais ils ont eu la bonne idée de joindre la traduction des textes à leur disque… Et au moment où notre balance commerciale est déficitaire, il est grand temps d’acheter français

— James Petit,
Rock en Stock Magazine,
janvier 1983

 

Wild Child Marseille album

Speed Life O’Mind (version digitale)
01- She Drives Me Insane
02- Hate and Love
03- Dusty Friends
04- Modern People
05- I Don’t Care
06- Speed Life O’Mind
Enregistré à Maya Studio par Jean-Luc Lyon et initialement édité en 1983 sur Wild Child Records.

+ BONUS


07- Stooge Face (bonus 45 tours)
08- Last Night (bonus 45 tours)
Enregistré dans la maison d’un ami et édité en 45 tours en 2982.

Les deux disques sont également disponibles en CD, en bonus de l’album The Next Decline (2015)

All songs by Wild Child

Line-up :
Leeroy : Guitar, Synth Guitar, Backing Vocals
Little Jim : Vocals, Harmonica
Ivy B. Dog : Bass, Backing Vocals
Richard : Drums, Backing Vocals

 

* * * Extrait de chroniques d’époque * * *

“Faut-il le répéter : Wild Child, c’est tout simplement du très bon rock’n roll dur, brutal, saignant et déchiré, un rock’n roll muri au soleil de Marseille, forci dans une cave quelque part à Paris et qui est bel et bien en passe de conquérir tout le public hexagonal, si on en juge d’après les dates et de la dernière tournée française.”
— Euthanasie Juliette, On Est Pas Des Sauvages

“Il n’existe pas de démarche plus VRAIE que celle d’un Wild Child. Ce pauvre cri transi qu’ils reproduisent sans fun est la seule chose que la vie leur ait donnée. Un cliché. Mais le rock n’est rien d’autre. Sinon histoire de marketing.”
— Patrick Eudeline, Best, février 1983

“Bref, que ça leur plaise ou non, les Wild Child viennent de rendre un hommage digne et présentable à des parrainages dévitalisés par le temps. Les Wild Child viennent de donner une leçon de rock & roll aux Dead Kennedys. Les Wild Child sont tous ces enfants que Iggy et Asherton ont foutu dans tous les coins, le lyrisme côtier en plus.”
— Laurent Chalumeau, Rock&Folk, février 1983

 

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