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Wild child
L’histoire de Wild Child commence en 1974 à Marseille. Le jeune “Jim” Lemoine, artiste peintre, débute la musique par la batterie. Voyant qu’il a les intonations vocales d’un Jim Morrison — d’où son surnom Little Jim — son copain Alain Ménissier, batteur également, le pousse à chanter. Le nom de leur association est aussitôt trouvé : ce sera la chanson des Doors “Wild Child”.
Lors d’un concours de musique, Dominique Lombardo alias Leeroy Stanner (en référence au roman de science-fiction Les Culbuteurs De L’Enfer de Roger Zelazny), guitariste expérimenté, a la révélation en voyant Little Jim sur scène. Sa voix et son magnétisme le poussent à se présenter, voyant en lui son alter ego. Jim le rappelle peu de temps après afin de se retrouver, accompagné d’Alain, dans un local de répétition. Le flash est immédiat ! Leeroy quitte alors le groupe dont il fait partie, c’est avec Jim et Alain qu’il veut faire hurler sa guitare ! Un pote bassiste, Yves Hamelin, dit Iv B.Dog, rejoint le trio et le Wild Child est né !
De 1975 à 1978, la ville de Marseille ne peut ignorer ce premier et seul groupe français revendiquant l’étiquette stoogienne ! Les boîtes de nuit et les salles locales dans lesquelles Wild Child se produit sont sauvagement retournées. Le groupe draine aussi un public de plus en plus large, autant jouissif qu’hétéroclite (dont la bande des Hells Angels marseillais en admiration). Bien qu’il n’ait encore enregistré aucun disque, la réputation de Wild Child incite Iggy Pop à inviter le groupe en première partie pour son concert de Vitrolles en 1978. Hélas, Little Jim s’étant cassé le pied lors du précédent concert, le groupe ne peut réaliser ce rêve. Néanmoins, Iggy reçoit le chanteur backstage et lui dédie même un morceau (“Gimme Danger”) lors du concert.
Wild Child trouve désormais leur ville natale trop petite, manquant de possibilités et d’avenir. Le groupe décide alors de quitter Marseille. Alain décline l’opportunité et un batteur de remplacement nommé “Scorpion” prend sa place. Les débuts à Lutèce sont une grosse galère. Imaginez quatre mecs fous furieux arrivant dans la Capitale sans connaître personne ! Manger, dormir, répéter et “survivre” — ils dorment dans leur G7 avec leur matos — est leur principal moteur durant cette période. Seul Jacob Desvarieux, guitariste de Kassav et copain d’école de Leeroy, les aide un peu. Les quelques concerts rémunérés et les petits boulots trouvés ça et là permettent de tenir, de payer les répétitions et de financer l’organisation de concerts… Concerts qui génèrent leur lot de contacts professionnels. Malgré les promesses du show business parisien, la ténacité à l’apprentissage de ce dur métier finit par payer. Un nouveau batteur, que Jim et Leeroy ont été chercher à Marseille, prend place dans le groupe : Richard Chaloin.
Ce n’est que dans les années 80 que Wild Child trouve une véritable stabilité grâce à l’arrivée de son premier manager (et tagueur), l’incomparable Marc Genest. Fin 1981 sera enregistré le single “Stooge Face”. Bien que totalement autoproduit, le disque rencontre un vif soutien dans la presse rock de l’époque devenant par exemple “Disque du Mois” dans la rubrique 45 tours de Rock & Folk. Plébiscité par Philippe Manœuvre, le journaliste ira lui-même déposer le disque chez le fameux disquaire New Rose tout comme il invitera le groupe à France Inter pour un passage rocambolesque.
Fin 1982 sort LE “Fun House Français” : l’album Speed Life O’Mind, toujours autoproduit par le groupe mais cette fois avec une distribution nationale via New Rose. S’en suit bon nombre d’articles élogieux dans la presse rock hexagonale et de nombreux concerts, dont un où le quatuor vole la vedette à Richard Hell au Palace (Paris). A la fin de la tournée 1983, qui passe également par l’Allemagne et la Suisse (avec un passage radio à la clé), la démission de Marc, puis le départ de Richard (aussitôt remplacé par Rolf, recruté par Gérard Beullac, le nouveau manager), laisse néanmoins un goût amer. Mais Wild Child a toujours le vent en poupe. Les concerts se suivent, idem pour les passages télé comme “Les Enfants du Rock”, en compagnie d’Indochine pour leur première, ou “La Friture Dans Les Lunettes” avec le morceau “Dusty Friends”. Et Wild Child bénéficie toujours plus du soutien des fanzines et des radios libres. Les articles dans la presse restent nombreux et le public grandit.
1984 voit le départ de Gérard et de Rolf (ce dernier est remplacé immédiatement par Phil ‘Jumbo’). Iv B. Dog sera remplacé par Fred Lemarchand (ex-Desperados et futur Little Bob). C’est cette nouvelle formation qui enregistre le nouveau titre “What Ever Happened To Us” pour l’émission télé “L’Echo Des Bananes”. Peu après, c’est la signature d’un contrat avec Madrigal France, en coproduction avec le Studio Garage. Cela donnera l’album culte Death Trip, enregistré et mixé en dix jours par Bernard Natier (Rita Mitsouko, Oberkampf, La Souris Déglinguée, Jad Wio). Hélas, Madrigal ne fait rien pour la sortie du disque. Zéro promo = flop ! Le groupe reprend cependant la route avec un nouveau manager (Michel Martig). Après un concert au Forum des Halles à Paris, la réflexion du nouveau manager est la suivante : “Je ne vous vois pas comme un groupe français, mais comme un groupe international.” Ce ne sera hélas pas suivi d’effet…
1985. Rencontre au Gibus entre Little Jim et Chris Bailey, le chanteur des Saints. Cela débouche sur une éternelle amitié, ainsi qu’une première partie des Saints à Issoudun, qui se termine par un ébouriffant duo dans la rue. Juin de la même année, nouveau management pour Wild Child : les journalistes James Petit et Jean-Pierre Sabouret décident de s’occuper du destin du groupe. Suivent trois nuits au studio Garage, toujours avec Bernard Natier derrière la console, pour mettre en place leur troisième opus The Next Decline, dont neuf des dix titres ont été composés et enregistrés avec Phil et Fred, “Crushed Metal” ayant été composé en 1978.
Suivent quelques concerts en 1986 avec une nouvelle rythmique, Laurent Bernat (ex-Satan Jokers) à la basse et Chris ‘Big Beat’ Crouzet (ex-Stators) à la batterie… Pourtant le groupe se sépare peu après, sans doute désabusé par trop d’années de frustration et de ne pas avoir rencontré la chance pourtant méritée. Le troisième album The Next Decline restera dans les tiroirs…
… Jusqu’en 2015.
La sortie, 30 ans après, de l’album inédit de Wild Child se réalise grâce à deux grands fans du groupe, Thierry Baron et Hubert Bonnard. Les deux membres principaux du groupe, Leeroy et Little Jim font remasteriser les morceaux enregistrés en 1985 par Jean Jacques Kerleo, l’ancien ingénieur du son live de Wild Child. Et après une année de recherche de label, The Next Decline sort enfin en CD sur le label Celluloïd. Le disque perdu est agrémenté, en intro, du fameux 45 tours et du premier album, tous deux désormais introuvables. Le CD est vivement accueilli (voir les chroniques sur la page The Next Decline).
Boostés par la sortie de “l’album perdu”, même 30 ans après, Leeroy Stanner et Little Jim se retrouvent et reforment Wild Child. Ils reprennent l’écriture et renouent en studio avec le batteur original, Alain Ménissier, afin de préparer leur grand retour sur scène. A ce titre, Wild Child répète durant tout l’automne 2015 (cf. vidéo)… et donne un show case explosif le 11 décembre de cette même année aux Studios Davout à Paris !
Mais la magie est passée et le groupe s’arrête là, laissant aux souvenirs la beauté de l’aventure et à nos oreilles ces titres imparables…
Discographie Wild Child :
1983 – “Stooge face / Last night (what happened ?)” 45 tours (autoproduction) (+)
1983 – Speedlife O’Mind 12” (autoproduction) (*)
1985 – Death Trip LP (Ideal Records / Madrigal France)
2015 – The Next Decline CD (Celluloïd) — avec en bonus (+) & (*)
Line Up :
Leeroy Stanner : Guitare
Little Jim : Chant
Alain Ménissier : Batterie
Richard Chaloin : Batterie
Phil ‘Jumbo’ : Batterie
Chris ‘Big Beat’ Crouzet : Batterie
Alan Mayo : basse
Yv B. Dog : basse (décédé en juin 2017)
Fred Lemarchand : basse (décédé en février 2012)
Laurent Bernat : basse (décédé en 2005)
*** Ils ont écrit de WILD CHILD ***
“La guerre continue, la guerre n’a jamais cessé !” — Philippe Manœuvre
“Il n’existe pas de démarche plus VRAIE que celle de Wild Child” — Patrick Eudeline
“Une sorte d’hymne heavy-punk qui déboule à 100 à l’heure” — James Petit, Rock en Stock / Hard & Heavy
“Une secousse électrique façon Michigan” — Christian Lebrun, BEST
“Plus je l’écoute, et plus je me dis que Wild Child a sorti un disque important” — Laurent Chalumeau, Rock & Folk
“Avec des riffs bavards et tordus, et un Little Jim qui braille comme un coyote, quand la nuit tombe sur le désert. Les loups sont toujours sauvages et dangereux !” — Jean-Éric Perrin, BEST & écrivain, à propos de The Next Decline.
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A lire également, le vibrant hommage du Vicomte Rocka-Rolla qui met également à disposition deux bootlegs de Wild Child enregistrés à Bordeaux, ici.