Soucoupes Violentes

C’est en 1983 qu’il faut remonter pour retrouver la trace des premiers pas des Soucoupes Violentes sur la scène musicale parisienne. Stéphane Guichard (chant et guitare) et Eric Coggiola (ex-Sweet Lips), deux anciens XXX (un 45trs chez Dorian), lancent « pour de vrai » le groupe initié par Stéphane quelques années plus tôt, avec Eric Boissel (basse) et Denis Baudrillart (batterie, également dans les Responsables à l’époque). Tous ensemble, ils avouent comme influences primales le Velvet, les Stooges, les Kinks, les early Stones, mais aussi les Damned, les Heartbreakers les Undertones ou encore Serge Gainsbourg, Ronnie Bird ou Bijou.

Début 1985, ils sortent un premier EP 4 titres sur leur propre label (Planète Interdite), distribué par Surfin Bird. Ce disque, qui comprend une reprise d’un morceau très rare de Lou Reed (« You’re Driving Insane », reprise des Roughnecks), est naturellement aujourd’hui une pièce très recherchée des collectionneurs. Cette année-là, le groupe se produit dans des endroits comme le Jimmy et autres hauts lieux de la scène alternative. Ils jouent souvent aux côtés de groupes comme les Wampas ou les Cherokees, des gens avec qui leur public leur trouve nombre de points communs, notamment une fidélité sans faille à la ligne pure et dure du rock. De ce quatre titres, fondu à 1000 exemplaires, épuisé en 6 mois, il reste un classique, toujours au répertoire : « Déjà Oubliée ».

Soucoupes Violentes 1984 Mercenaire

Fin 85, Eric Coggio quitte le groupe qui revient remodelé un an plus tard, avec notamment l’arrivée de Aude Legrand avec son orgue. Sur le label Tutti Frutti, ils enregistrent un premier mini-LP huit titres, Dans Ta Bouche (le disque aux deux pochettes !). L’album, produit par le fulgurant guitariste surf Marc Police (Jezebel Rock, Pasadenas, Wampas), retient l’attention et met définitivement les Soucoupes sur orbite. Gilles Gardot dit Poussin (ex-Plastic Gang, L’Orchidéee et Primates) fait son entrée.

En décembre 1987, c’est une reprise bien chaude (« Love Potion n°9 ») qui est lâchée au magazine Nineteen pour son simple « Spécial Abonnés », un collector aujourd’hui. « Accélération aussi du côté des concerts : près d’une trentaine en neuf mois. La province craque, Paris en redemande, en Lorraine et en Bretagne, c’est l’émeute ! », précise le press-book de l’époque, constitué par Rascal Production, la section « management » des Barrocks.

Soucoupes Violentes 1988

Le label Tutti Frutti ayant fait faillite, le groupe se voit proposer par New Rose un nouveau contrat. Après la sortie de « Rester Au Lit » (avec pochette signé Mezzo), un nouveau 45 tours tiré cependant d’anciennes bandes, le groupe met en boite son premier véritable trente : Va Savoir. Cet album sort en 1989 et est accueilli par des critiques enthousiastes :
– « Va Savoir est un album qui vous fait tendre l’oreille dès le premier morceau, plein de bonnes idées de guitares et de voix éraillées » (7 à Paris) ;
– « Surprenant et inattendu, frais et tout en couleurs, immanquablement un disque à écouter d’urgence » (Compact) ;
– « Les Soucoupes alunissent de nouveau pour laisser s’échapper un deuxième album, un Objet Volant Non Identifié qui les livre en pleine métamorphose, celle d’un garage band de goût affirmant une personnalité, un net mûrissement » (Best).
Grâce à cet album, enregistré et produit par Yves Calvez des Coronados, le groupe bénéficie d’une exposition grandissante. Le clip « Blondes ou brunes » est diffusé lors de l’émission « Lunettes noires pour nuit blanche » de Thierry Ardisson, passage aux Transmusicales de Rennes, et au Bataclan à Paris avec les Wampas et les Lolitas. L’album est suivi d’un 45 tours inédit « Avec Des Yeux Comme Ça ».

Courant 1990, les Soucoupes Violentes se font produire par  le New-Yorkais Eliott Murphy pour un maxi trois titres Et Pour Un Oui, Et Pour Un Non, maxi qui reçoit un excellent accueil radio et presse (45t du mois chez Best en mai 1990). D’ailleurs, les Soucoupes donneront un concert à Paris à l’Elysée-Montmartre avec Elliott Murphy en invité. C’est aussi à cette époque qu’un second guitariste, Serge Hoffman, renforce la formation… Mais ce dernier se retire presque aussitôt, en même temps que le sieur Poussin.

Soucoupes Violentes 1991 A Des années Lumière

La nouvelle étape pour le groupe de Stéphane Guichard, enfin arrivé à une formation stable et parfaitement équilibrée (Stéphane et le fidèle Denis, ainsi que le cousin de ce dernier Christophe Baudrillart à la basse et Elie Chemali aux claviers) est A Des Années Lumière, leur dernier album, enregistré en Belgique.
Stéphane Guichard : « Ce disque est à mon avis notre album le plus abouti. Il est l’aboutissement de toutes nos diverses expériences à ce jour. Tous les styles que nous avons pu aborder, le garage punk, le rhythm’n’blues ou la plus pure pop, y sont représentés sous une forme homogène. Je crois surtout que nous sommes arrivés à enfin retrouver en studio l’énergie qu’on dégage sur scène, en prenant soin de préserver toute la subtilité propre au travail de studio. »
Douze titres (onze originaux et une reprise des Troggs) composent ce nouveau trente des Soucoupes Violentes, trente dont la magnifique pochette donne le ton de ce qui se trouve à l’intérieur : un rock entier, limpide et caressant, arrivé à un point de maturité impressionnante.

1991. Malgré tout, à l’orée de l’année 1991, les Soucoupes Violentes ne sont plus. Stéphane Guichard saborde son vaisseau amiral, à cause de problèmes de défonce et d’alcool, avouera-t-il plus tard dans une interview (à lire ici).

— intermède de 15 ans —
(intermède durant lequel Stéphane Guichard soigne ses maux en jouant sous le nom de Harpo,
Denis Baudrillard crée Jim Murple Memorial, etc…)

Fin 2005, Stéphane qui a toujours le virus de la musique en lui, rencontre Florian Herpe, 20 piges de moins que lui, mais tout aussi expérimenté et motivé. En duo, ils donnent quelques concerts, mais continuent de chercher une section rythmique de qualité. Ils finissent par la trouver avec Tintin (The Dregs / Poloaroid People) et Manu (ex- Groggy Holly / Polaroid People). « Au départ, on ne devait pas du tout s’appeler les Soucoupes », raconte Stéphane. « Et puis Didier Wampas et quelques autres m’ont dit de ne pas m’emmerder à changer de nom, que je galèrerai avec la masse de jeunes groupes d’aujourd’hui. » Soit. Ce sera donc le retour des Soucoupes Violentes !

Les Soucoupes Violentes 2010 S'Attendre au pire

2007 : Premier concert de la reformation des Soucoupes Violentes avec Manuel Bujan à la batterie et Franck Darmon (aka Tintin) à la basse, et Florian Herpe à la guitare. Le quatuor s’enferme à l’Update Studio de Pigalle et enregistre S’attendre Au Pire, un album qui sort à la fin de l’année 2009 chez Belleville International / Patate Records. Enregistré en compagnie de Jean-Paul Vittori (ex-batteur de Juliette et les Indépendants et producteur de Daniel Darc, Delaney Blue), l’album du come back marque les esprits et obtient de bons retours, autant des anciens fans (qui n’en reviennent pas !) que des nouveaux (idem). Cela permet un passage aux Francofolies de La Rochelle en 2010 pour une captation télé dans l’émission « Louise attaque les Francos ».

Courant 2011, le groupe a réalisé une démo de 5 nouveaux titres. Fin 2012, la formation ayant bougé (Florian, le guitariste, est parti vers de nouvelles aventures), les Soucoupes Violentes poussent les portes du studio l’Update (à Pigalle, Paris) sous la forme d’un trio. Sous cette forme, et toujours aidé par leur désormais « ingé-son-producteur-réalisateur sonore » Jean-Paul Vittori, le groupe enregistre 11 titres en live. Et recrute un bon nombre d’invités musiciens et amis pour leur filer un coup de main : Martin Stone (The Action, Mighty Baby, Pink Fairies, 101’ers) à la « lap steel guitar », Thierry Chompré (Lost Planets, Bed, Binoculars, Manuel Bienvenu) aux percussions et aux choeurs, Didier Wampas pour un duo sur « Trop Méchante », Philippe Grimault pour une guitare slide et… Florian (re)venu mettre sa patte sur deux titres et même jouer du ukulélé.

2015 : Sortie de l’album Fort Intérieur en autoproduction, mais avec le soutien des fans via un financement participatif chez Kiss Kiss Bang Bang. Le disque, que Jean-Luc Manet décrit dans Les Inrockuptibles comme « un improbable rendez-vous entre Jacques Dutronc et Johnny Thunders », sort en CD et en vinyle et relance un peu plus les Soucoupes Violentes, plus de concerts (Paris, Province) et plein de nouvelles opportunités.

Parmi celles-ci, la rencontre avec Nineteen Something entraîne la diffusion de tout le catalogue du groupe sur les plateformes digitales, streaming et téléchargement. Mais pas seulement. Dans la foulée, le label réédite en CD le premier album du groupe, Dans Ta Bouche, avec une poignée de bonus en prime. Le groupe donnera un excellent concert au Gibus où il interprètera l’intégralité de cet album phare du garage français, dixit Christophe Brault dans son livre Rock Garage, Fuzz, Farfiza & Distorsions (éditions Le Mot Et Le Reste).

Si le line-up se renouvelle beaucoup autour du noyau Stéphane Guichard / Elsa Sadet (également dans Ici Paris), cela n’empêche pas les projets et les concerts. En 2018, le groupe produit un EP vinyle 4 titres “London Girl” sur lequel il grave deux reprises (The Jam et Slade), une nouveauté (“Ma Tête Sur Un Plateau”) et une relecture d’un morceau du premier album, “L’indifférent”.

L’année suivante, toujours aussi motivé et inspiré, Guichard & Co enregistrent In & Août, leur dernier album en date. Dix titres, enregistrés en deux sessions en 2017 et 2018 dans le Tarn-et-Garonne, qui seront ensuite confiés à Jim Diamond (ancien Dirtbombs et producteur, entre autres, des premiers albums des White Stripes). Le disque est très bien accueilli :
“Cet album qu’on peut considérer comme une façon de refermer des plaies brille avant tout par sa noirceur, mais il s’inscrit avec beaucoup de dignité dans le paysage du rock français”, Patrick Kuriakine (IndiePopRock.fr)

“La production de Jim Diamond lustre un album parfait. Il donne de la brillance et applique des courbes au son organique d’un rock en granit”, Patrick Foulhoux (Dig It)

“A quoi bon multiplier les références pour définir le style d’un groupe qui filtre 60 années de musiques pop, et les régurgite avec un naturel si distingué”, Christian Casoni (Rock & Folk)

Même l’année 2020, pourtant peu stimulante, n’aura pas eu raison des Soucoupes. C’est durant cette période de stand-by mondial qu’a germé l’idée de “16 potions d’Amour, une compilation regroupant toutes les reprises enregistrées par le combo parisien durant sa carrière. Du neuf avec du vieux. Oui, mais pas que. Jamais à court d’idée, le groupe a enregistré deux nouvelles covers (JJ Cale et The Nerves) qu’il a ajouté en fin de tracklisting de ce nouveau CD, à paraître en septembre 2021.
Hé oui, l’histoire est toujours en cours d’écriture…

— mix par Frank Frejnik de bios de différentes époques
(Rascal Management, New Rose, Update Studio),
de coupures de presse et d’articles/interviews.

soucoupes violentes 2015

Discographie
1984 : Mercenaires EP (Planète Interdite)
1987 : Dans ta bouche (Tutti Frutti)
1988 : Rester au lit 7″ (Tutti Frutti)
1989 : Va Savoir  (New Rose)
1989 : Avec des yeux comme ça 7″ (New Rose)
1990 : Et pour un oui, et pour un non EP (New Rose)
1991 : L’imparfait 7″ (New Rose)
1991 : A des années lumière (New Rose)
2009 : S’attendre au pire (Patate Records)
2015 : Fort intérieur (Planète Interdite)
2019 : In & Août (Twenty Something)
2021 : 16 Potions D’Amour (Twenty Something)
2022 : Session Froggy’s Delight & Le Village Pop au Walrus (Twenty Something)

Contact Soucoupes Violentes : www.facebook.com/Les.Soucoupes.Violentes

Les Soucoupes Violentes en digital :
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